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À MONSIEUR CLAUDE.

Des intimes salons franchiras-tu la porte ?
Là, seul dieu de Paris, règne ce dieu léger
Qui de forme et d’allure est habile à changer :
L’esprit, ce combattant à qui nul ne résiste,
Cet errant pèlerin, ce docteur, cet artiste,
Qui touche, en se jouant, soit aux fleurs du chemin,
Soit aux aspérités de tout savoir humain.
Il rapproche les temps, il réunit les âmes ;
Les vieillards sont par lui rajeunis, et les femmes
Aux plus graves discours mêlent ce rire clair
Qui de la raison même est le chant ou l’éclair !
Tous parlent ; parle aussi ; précieuse ou menue,
Présente une monnaie à payer ta venue !
Mais non ; tu n’entres pas. Quoi qu’on en dise, l’or
Pour franchir tous les seuils ne suffit point encor ;
Et tel noble indigent passera, haut la tête,
La limite enviée où tel riche s’arrête !

En vain tu lutteras et tu te roidiras ;
Honteux de ton berceau comme les fils ingrats,
Tu voudras — écolier mis trop tard à l’étude —
Tout transformer en toi : langue, esprit, attitude.
Tes efforts, brave Claude, y seront superflus !
Horace — un des auteurs que tu n’as jamais lus —