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À MONSIEUR CLAUDE.

La main qui t’a couvert d’insolentes richesses
A-t-elle sur ton âme étendu ses largesses ?
En tapissant tes murs, a-t-elle également
Décoré ton cerveau de quelque ameublement ?
N’es-tu plus cet esprit aride et sans culture
Qu’ébaucha, sans y voir, la grossière nature,
Et qui, même à prix d’or, ne saurait prendre part
Aux illustres festins que nous apprête l’art ?

Si, devant les trésors qu’à son peuple il découvre,
Tu marches, pas à pas, sous les arceaux du Louvre,
Tu dénombres en vain, dans leurs cadres divers,
Les chefs-d’œuvre du temple admirés de travers.
Devant les Titien, devant les Véronèse,
Ton informe génie est-il bien à son aise ?
Saurais-tu dire en quoi, plus suave et plus grand,
Raphaël Sanzio diffère de Rembrandt ?
En quoi du Pérugin la ligne froide et chaste
Censure de Rubens la débauche et le faste ?
Non ; tu passes, distrait, inerte, et sans savoir
Que l’homme a besoin d’art pour tout, même pour voir !

Ce n’est pas tout de voir, compère, il faut entendre.
Entre dans ce théâtre et tâche de comprendre.