Il faut, bon gré, mal gré, devant eux se ranger.
D’ailleurs, à tout ce monde on se sent étranger :
D’où sort cet avocat verbeux, que la fortune
D’un scrutin enverra bientôt à la tribune ?
Le drôle a déjà fait du bruit dans le quartier.
Ne le connais-tu pas ? Son père est ton portier.
Quelle est-elle, en sa fleur opulente et vermeille,
Cette reine des bals dont chacun s’émerveille ?
Est-ce un oiseau du Nord, de passage entre nous ?
Non, tu la fis sauter, enfant, sur tes genoux :
C’est la petite Annette, à ce point grande et belle !
Et ton fils aujourd’hui fait des sonnets pour elle.
Quel est ce cavalier si droit sur les arçons ?
Tu l’as connu pleurant pour dire ses leçons.
Plus haut que toi du front, quel est ce beau jeune homme ?
C’est ton propre neveu qu’il faut que l’on te nomme…
On sourit, et l’on passe, et, le long du chemin,
Rencontrant un ami qui vous serre la main,
Un pâle compagnon de vos galtés anciennes,
Aux rides de sa joue on soupçonne les siennes !…
Puis, il faut y songer, de ses soins indulgents
La ville ne soutient que les seuls jeunes gens.
Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/376
Cette page a été validée par deux contributeurs.
365
LA CRISE.