À chaque nouveau site, à chaque pierre en deuil,
Tu jettes en passant un rapide coup d’œil.
En vain l’âpre soleil te consume et te ride ;
Debout, de l’aube au soir, dans la plaine torride,
D’un colosse camard tu mesures les traits,
Ou consultes le sphinx… qui garde ses secrets.
Obélisques, frontons, piliers de marbre rose,
Tu reproduis la teinte, et la ligne, et la pose.
Voici dans ce rocher les Sépulcres des Rois ;
Tu plonges dans leur ombre… Aux antiques parois,
Retrouvant quelque emblème, ibis ou scarabée,
Tu disputes au temps sa couleur dérobée,
Ou décalques au mur, d’un crayon singulier,
Des lunes, des soleils à tête de bélier !
Va toujours, cependant ; va, cours de plaine en plaine ;
De peur du tétanos, n’y dors qu’une heure à peine ;
Ce soir, encor bien loin des fontaines d’Amrou,
Tu mangeras peut-être, assis dans quelque trou,
Le modeste régal que sert la Providence.
Heureux et bien heureux, en tes jours d’abondance,
Quand tu peux ajouter au croûton de pain bis
La patte d’un héron ou l’aile d’un ibis !
Ah ! quelque enchantement que le Nil te prodigue,
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LA VIE RURALE.