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LA VIE RURALE.

Pendre vos saints arceaux ; j’ai, sous vos toits détruits,
Entendu s’engouffrer le sombre vent des nuits ;
J’ai vu, dans l’abandon, la ronce qui pullule
Obstruer de ses nœuds le cloître et la cellule,
Et la mer qui pénètre aux caveaux souterrains
Briser les derniers os des martyrs de Lérins.

Toi donc qui parmi nous, apôtre au cœur austère,
Viens au sol provençal rendre son monastère,
Que ton nom soit béni ! que l’homme et que le champ
T’accueillent à la fois d’un sympathique chant !
Par toi, par la vertu qui chez nous t’accompagne,
Déjà tout reverdit, la plaine et la montagne.
Le désert, les chemins sous la ronce effacés.
Retrouvent dès ce jour l’éclat des jours passés.
C’est comme au temps heureux où le pèlerinage
Dans la forêt illustre affluait d’âge en âge,
Quand les peuples chantants y venaient, quand les rois,
Eux-mêmes, s’avançaient à l’ombre de ces bois
Où pleura Madeleine, où sa grotte fidèle
Pleure encore aujourd’hui, pleure en mémoire d’elle !