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LES MOINES.

Et de nos bûcherons vivant dans la broussaille,
Au nom du sol enfin, qui sous ton pas tressaille,
Laisse-moi saluer ton passage entre nous ;
Laisse-moi de mon front effleurer tes genoux,
Ô toi, toi que l’on vit d’abord, de ville en ville,
Répandre abondamment le grain de l’Évangile ;
Qui longtemps, cygne altier, grand aigle aux cris vainqueurs,
Éclairas les esprits et remuas les cœurs,
Et qui viens aujourd’hui sur notre vieille terre,
Humble moine, rouvrir un humble monastère !

Ils ont dû s’agiter, le long de ton chemin,
Ces vieux murs où survit l’ombre de Maximin ;
Il a dû s’émouvoir des hauteurs à la plaine,
Ce désert embaumé du nom de Madeleine ; —
Ces cimes d’où l’œil voit, dans une brume d’or,
La cité de Lazare et la tour de Victor,
Ces monts, cette forêt dont les chênes antiques
Exhalent des rumeurs qui semblent des cantiques,
Et la grotte et la source ont dû bénir les cieux,
Quand ils t’ont vu venir, pâle et silencieux,
Quand ils t’ont vu passer, dans ta blanche tunique,
Homme illustre, héritier du froc de Dominique !