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MAIRIE DE VILLAGE.

— Salle d’asile, école, utile emploi d’impôts —
Tu remplis vaillamment tes soins municipaux.
Tandis qu’un fils du lieu, près de toi secrétaire,
Inscrit l’enfant qui naît ou le mort qu’on enterre ;
Au paysan qui part, tenté d’un autre sort,
Tandis qu’avec regret il donne un passe-port,
Toi, sans cesse entouré de fermiers, d’humbles femmes,
Tu songes aux besoins des choses et des âmes ;
Tu sais que le pays, malgré plus d’un devin,
Manqua toujours d’eau claire à mettre dans son vin ;
Tu rêves à cette eau, d’âge en âge promise,
Qu’il faut tirer du roc en invoquant Moïse ;
À l’erreur, à l’abus qu’il convient d’arracher ;
Aux sols comme aux esprits qui sont à défricher.

C’est le jour de conseil : le groupe vénérable
Se rassemble ; on s’assied sur quatre bancs d’érable ;
On prend des arrêtés, on discute des baux…
Vient ton garde champêtre, homme à procès-verbaux ;
Il signale un délit, il parle d’un sinistre.
Une lettre est lancée à monsieur le ministre ;
Et monsieur le ministre, illustre homme d’État,
S’étonne qu’on écrive, au pays du Comtat,
Une langue si belle et si rhétoricienne,