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LA VIE RURALE.

Et je t’en nommerai, mon cher, quand tu voudras,
Qui — d’ailleurs braves gens — forts en agriculture,
Sont moins initiés dans l’art de l’écriture,
Président leur conseil, flanqués de leurs adjoints,
Au hasard, — sur les i ne mettent pas les points,
Et, la séance close, ornent d’un lourd parafe
Quelque pièce où le sens cloche avec l’orthographe :
Ou bien — pire fléau — de ces beaux esprits vains
Qui du droit et du fait parlent entre deux vins,
Prennent le cabaret pour la Maison de ville,
À propos d’une loi citent un vaudeville ;
Et qui de la patrie auront bien mérité,
S’ils ont blessé d’un mot, en un jour de gaîté,
Le bon prêtre du lieu, cœur pur, sainte parole,
Et s’ils ont mis l’écharpe en guerre avec l’étole !

De cette écharpe, toi, méritant mieux l’honneur,
Tu vis donc au hameau, veillant à son bonheur :
Village aérien qui, bâti sur la roche,
Au voyageur, dit-on, paraît de rude approche,
Et, dans une vallée aux spacieux contours,
Voit du Rhône écumant se dessiner le cours !
Là, tu règnes, jaloux d’illustrer ta mairie :
Au gré de la saison et du jour qui varie,