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LA VIE RURALE.

Pourquoi cet abandon, ce long délaissement ?
Seul possesseur du droit que votre oubli dément,
Loin du champ, loin du parc, du jardin, du toit sombre,
Quel charme vous retient depuis des jours sans nombre ?
Ce charme, on le connaît ; bien d’autres s’y sont pris :
Ce charme tout-puissant, on l’appelle Paris.
Paris, le rendez-vous des foules idolâtres ;
Paris a les bazars, Paris a les théâtres ;
Il a les salons d’or, où janvier de retour
De chaque sombre nuit fait un radieux jour ;
Des triomphes de l’art il a toute l’ivresse ;
Enfin, la joie immense… et l’immense détresse !

Oui certes, l’Opéra, j’y consens, est à voir ;
Il est doux, quand son lustre, ardent soleil du soir,
Éclaire sur trois rangs, le long des galeries,
Les femmes au sein nu chargé de pierreries,
Quand la scène procède à ses enchantements,
Il est doux d’écouter, parmi les instruments,
À travers les parfums et les clartés du lustre,
La voix de la chanteuse et du ténor illustre !
Mais, par un tiède soir de la belle saison,
Quand la lune apparaît, suave, à l’horizon,
Qu’elle vient éclairer, mystérieuse et pure,