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À UN HABITANT DE LA RUE DU BAC.

Je sais qu’un laboureur se sert d’une charrue ;
Mais l’image à mes yeux en est seule apparue !
La vigne donne un jus qui fait, dit-on, le vin ;
C’est toute ma science, et j’ai trente ans demain !… »

Ainsi, baissant le front, et tandis que la pluie
Tombait, tombait encor d’un ciel chargé de suie,
Tu prolongeais sans fin ton gémissant discours !
Les clochers, depuis lors, ont sonné bien des jours.
Eh bien, si ta tristesse est aujourd’hui la même,
Brise tes nœuds, ami ! tente un effort suprême ;
Le sort, qui depuis peu me traite avec douceur,
D’un vallon fortuné m’a rendu possesseur.
J’ai des ceps alignés sur une verte pente,
J’ai dans une prairie un ruisseau qui serpente,
J’ai sous de larges toits, peuplés de nids chantants,
Un tranquille foyer : c’est là que je t’attends.
Ô pâle citadin, viens ! d’une faux novice
Tu pourras, si tu veux, essayer le service ;
Tu pourras, dans le pré qui descend du coteau,
Durcir tes blanches mains au manche du râteau,
Ou te faire enseigner, pour une œuvre diverse,
L’office du sarcloir, l’usage de la herse.
Comment germe le grain, comment tombent les blés,