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LA VIE RURALE.

Temps heureux, purs loisirs de la Muse aux pieds nus,
Rêves de l’avenir, qu’êtes-vous devenus ?
Les rapides saisons, transformant toutes choses,
Ont passé ; les hivers ont neigé sur les roses ;
Lamartine a vieilli, que c’est grande pitié ;
Rien ne survit enfin, si ce n’est l’amitié.
Va donc, Muse fidèle, aujourd’hui mieux chaussée,
Va trouver l’ancien hôte, et dis à sa pensée
Que, d’un printemps si beau qui n’eût pas dû finir,
Tu gardes une fleur, celle du souvenir ;
Et qu’après tant de jours, après tant de voyages,
Elle est comme la fleur, collée entre deux pages,
Qui conserve sa forme et qu’on aime à revoir
Dans le livre jauni qu’on feuillette le soir !