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FIGURE À PEINDRE.

De léguer leur image aux arrière-neveux ;
Artistes au front pâle, ondoyants de cheveux ;
Docteurs en habit noir, aux expressions fades,
Que l’on expose au Louvre à leurs futurs malades ;
Avocats renommés, qui, par plus d’un plaideur,
Seront en effigie accusés de laideur ;
Nobles dames, beautés de tout rang, de tout âge,
Qu’à ta porte modeste attend leur équipage,
Et qui, pour inspirer l’artiste en son travail,
De cent colifichets apportent l’attirail ;
Difficiles, du reste, on en sait quelque chose,
Sur ceci, sur cela, sur le teint, sur la pose,
Sur un œil dont le coin ne sourit pas assez,
Un velours dont les plis semblent un peu froissés,
Enfin, sur la main blanche ou sur l’épaule nue,
Encor trop dérobée, au gré d’une ingénue :
Quand tous auront fini de poser devant toi,
Si tu veux, mon ami, te confiant à moi.
Accepter de ma main un motif de peinture,
Tu seras de mon choix satisfait, je te jure.
C’est une pauvre enfant, beauté de ces cantons,
Qui, parmi nos rochers, mène quatre moutons.
Qu’en dirai-je de plus ? la pauvre bachelette,
Vrai Dieu, ne passe pas longtemps à sa toilette ;