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TERRE À VENDRE.

Afin d’encourager ces jeunes âmes fières,
Tu fonderais un prix et ferais des rosières !
Je te signale encor sur le coteau voisin
Une tour à créneaux, vrai donjon sarrasin
Qui date du bon temps. Cette pierre entamée,
Parmi nous, à vrai dire, est assez mal famée.
En vain l’œil d’un artiste à cent détails heureux
S’y complaît ; son abord glace les gens peureux.
Ces murs, s’il faut les croire, ont vu jadis un drame
Terrible ; on se prépare, on affermit son âme ;
Aucun d’eux, par malheur, ne peut le raconter.
Il te coûterait peu, Dumas, de l’inventer.
Pour un public restreint tu daignerais l’écrire ;
Et l’hiver, quand, le soir, la peur se mêle au rire,
Cette tragique histoire aux tableaux émouvants,
Tu la ferais jouer — entre deux paravents !

Pittoresque vallon, ciel pur, mer vaste et belle,
Tel est, près de mon champ, le site qui t’appelle :
Des lieux moins enchantés souvent t’ont fait courir.
Vas-tu venir bientôt, pressé de l’acquérir ?…
Ah ! quand on a conquis, maître sitôt illustre,
Ce radieux domaine éclairé par le lustre,
Qu’on entend chaque soir, à ses drames nouveaux,