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LA VIE RURALE.

Ce miel l’avait tenté. Que faire pour le prendre ?
Avec leurs aiguillons ces mouches piquent fort.
Il avait donc cherché quelques brins d’osier mort,
Et, pour avoir le miel des abeilles chassées,
Mis le feu, sous le chêne, aux ronces entassées…
C’était toute sa faute : — Hélas ! ajoutait-il,
Ce malheur s’était fait le premier jour d’avril !

Que répondre à cette âme ignorante et confuse ?
Voilà donc ce que fait le sort, quand il s’amuse :
La nature a construit, au bord de nos chemins,
Un ouvrage où s’est mis tout l’effort de ses mains,
Un arbre qui, de loin, colonne centenaire,
Voyait venir sans peur le vent et le tonnerre.
Les siècles sur son front, amoncelés en vain,
Pesaient sans le courber. Que faudra-t-il enfin
Pour que le dur colosse en poudre se réduise ?
Qu’un jeune pâtre vienne, aimant la friandise !

Oublions, oublions ; d’un désastre accompli
Le plus sage remède est encore l’oubli.
Je veux gagner ce soir, afin de m’en distraire,
De nos derniers coteaux la hauteur solitaire…