Brûlé ses bras, mordu son écorce d’airain,
Et, sous le vert colosse outragé dans sa gloire,
Amoncelé partout des tas de cendre noire.
On eût dit le tronçon d’un temple vénéré
Que le feu, dans un jour impie, a dévoré.
J’eus un frisson. Comment s’était fait ce ravage ?
Quel homme de ce crime était l’auteur sauvage ?
Malheur à lui, malheur ! La colère et le deuil
Se partageaient mes sens. Je regagnai mon seuil ;
J’ordonnai qu’on cherchât, prenant le ton du maître,
Le meurtrier. Je crus que j’allais voir paraître
Un noir bandit, un homme au sourcil odieux,
Portant écrit au front l’anathème des dieux.
Celui qu’on m’amena n’était qu’un jeune pâtre,
Enfant de quatorze ans, à l’œil doux et bleuâtre,
Aux blonds cheveux de femme. Il tremblait, il pleurait.
À sa douleur, enfin, j’arrachai le secret :
Un jour qu’il descendait de la berge prochaine,
Cherchant pour y dormir la mousse au pied du chêne,
Il avait vu, dans l’arbre au profond soupirail,
Un essaim bourdonnant d’abeilles au travail,
Dont le miel exhalait son parfum d’herbe tendre.
Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/304
Cette page a été validée par deux contributeurs.
293
LA MÉTAIRIE