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LA VIE RURALE.

Sur la feuille flétrie et sur le dur gravier,
Entourez cette tombe !

Une hirondelle encor parlait l’autre matin,
Mais c’était la dernière.
J’entends de plus en plus le grondement lointain
Des eaux de la rivière.
L’aube à regret se montre, elle pleure, et le soir
Se hâte de la suivre :
Venez donc maintenant, vêtus de gris, de noir,
Couverts de manteaux blancs tout saupoudrés de givre,
Venez, ô tristes mois, les yeux de larmes pleins ;
Et d’une herbe fanée
Ornez pieusement, comme des orphelins,
Le tombeau de l’année !

Il pleut : l’eau de la nue arrose un sol fangeux
Où rampe la limace.
Le tonnerre parfois, comme un glas orageux,
Gronde au loin dans l’espace.
Les lézards sont rentrés, pour dormir leur sommeil,
Au trou qui les protége.
Passez donc maintenant, en funèbre appareil,
Passez, mois de l’hiver, comme passe un cortége :