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LA VIE RURALE.


» Le temps n’est plus où le poëte
Apparaissait brillant et seul,
Et dans les plis de son linceul
Trouvait sa gloire toute faite.

» Il fallait être un des aînés :
Le monde était dans sa jeunesse ;
La gloire fut le droit d’aînesse
Des devanciers prédestinés.

» Toi, maintenant, dans ce lit sombre,
Tu resteras enseveli,
La froide neige de l’oubli
Pesant à jamais sur ton ombre !

» — Le diable t’emporte, oiseau noir !
Lui répondis-je de la route.
Ta parole est celle du doute ;
J’aime mieux celle de l’espoir.

» Ce monde est vieux, je le confesse ;
Mais, quel que soit notre destin,
Chaque journée a son matin,
Et chaque siècle sa jeunesse ! »