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AUBE D’HIVER.

Qui berce tout le ciel dans son tranquille azur.
Il faisait ce jour-là, dans le ciel d’Italie,
Un temps auquel je songe avec mélancolie.
Tu la vis, son regard s’arrêta sur le tien ;
Un hasard du chemin provoqua l’entretien,
Et ton sauvage cœur cessa d’être rebelle.
T’en souviens-tu, mon cher ? Grand Dieu, qu’elle était belle !
Quel éclat rayonnait de sa jeunesse en fleur !
Le peintre a bien rendu cette chaude pâleur.
Il a saisi le charme et fixé le sourire.
Voyons, à ces beaux yeux n’as-tu plus rien à dire ?
Moi, je resterais là rêvant jusqu’à demain.

— Laisse là ce portrait ! J’ai la plume à la main
Et l’heure passe ; à l’œuvre ! ô nonchalante Muse
Que toute chose attarde et qui d’un rien s’amuse !
Avant le déjeuner, je dois, pressé du temps,
Écrire deux cents vers. Dicte, je les attends.

— Tu le veux, tu le veux, j’y consens, cruel hôte !
Je vais te les dicter ; mais ce n’est point ma faute
S’ils n’ont ni sens, ni tour, ni couleur, ni raison,
Et s’ils sont aujourd’hui froids comme la saison.