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AUBE D’HIVER.

Mais les propos oiseux font les moments perdus.
Retournons au plus vite à nos vers suspendus.
Alerte ! il est urgent d’achever la besogne.

— J’ai froid ! l’air est glacé ce matin, le vent grogne ;
Souffre au moins qu’au foyer je rallume ton feu.
Quand les pieds sont transis l’esprit s’échauffe peu ;
C’est d’ailleurs une tâche où ma main fait merveille,
De rendre l’étincelle au tison de la veille.
Se bâtir un bon feu, rien n’égale cet art !
Sous trois larges quartiers de chêne ou de foyard,
On jette une broussaille, on y met l’incendie
Avec quelque brouillon d’ancienne tragédie.
Puis devant les chenets on reste là rêvant ;
On regarde la braise, on écoute le vent,
On voit cent visions dans la flamme apparaître.

— C’est bien ; le feu pétille, enfin tu vas peut-être
Entamer le travail !

Entamer le travail !— Encore un bref sursis !
Le temps de regarder les cieux mal éclaircis.
Laisse, laisse-moi voir, de ta vitre mouillée,
Cette aube sans rayon, pâle, jaune, embrouillée,