Celle-ci, presque rose, a des taches de boue ;
De la pourpre des rois l’autre semble un haillon.
Et c’est ainsi de nous ! Quand vient notre hiver sombre,
Lorsque le vent du sort, qui flétrit les meilleurs,
De nos illusions a décimé le nombre,
Qu’il a bien secoué nos feuillages en pleurs,
Il est parfois encore, aux branches les plus fortes,
Quelques restes pendants, faciles à compter :
Amours presques fanés, amitiés presque mortes,
Croyances qu’un zéphyr suffit pour agiter !
Alors, vienne un passant qui jette l’ironie,
Un livre qu’on feuillette, un sombre événement,
Et tout ce qui restait de la forêt jaunie
Au bout de ses rameaux frissonne éperdument.
Ô souffles désolants plus que bise et que neige,
Pitié ! ne venez pas nous ravir sans retour
Cette mourante foi que chaque doute assiége,
Cet idéal suprême et ce dernier amour !…
Un jour, le bel avril rajeunira le monde,
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