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L’ÉVANGILE DE LA MENDIANTE.

 
Judas sortit du bois tenant une lanterne.
Derrière le félon, venaient d’une caverne
Échevins et prévôts, et seigneurs justiciers,
Et, les armes aux mains, un gros d’arquebusiers,
Tous ces hommes ayant aux yeux haine et menace.
Judas vint à Jésus et lui baisa la face.
« Trahir par un baiser ! » lui dit le Seigneur Dieu.
Puis il fut méchamment garrotté dans ce lieu,
Puis emmené chez Anne et de là chez Caïphe,
Lequel, entre les Juifs, pour lors était pontife.
Et toute cette nuit, ainsi qu’un malfaiteur,
Vous fûtes abreuvé d’affronts, Dieu Rédempteur !
Des méchants qui raillaient vous mirent, chez Pilate,
La couronne d’épine et la robe écarlate !

« Or, Judas s’en revint d’abord à sa maison,
Pour serrer les deniers, prix de sa trahison.
Mais voilà que chacun s’éloignait de cet homme.
À quelque temps de là, d’une part de la somme,
Il acquit d’une veuve un champ de trois arpents.
Du grain qu’il y sema sortirent des serpents,
De venimeux serpents qui, fourmilière immonde,
N’ont pas cessé depuis de grouiller en ce monde !
Lors Jésus… lors Jésus… Ah ! voilà l’écheveau