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LA VIE RURALE.

Une maison est là, dont les pans vermoulus
Semblent sur ce désert jeter un deuil de plus.
Lamentable réduit ! La muraille s’éventre ;
La porte est un trou noir qui bâille comme un antre ;
Sur le mur déjeté la toiture en lambeau
S’affaisse, et mieux vaudrait contempler un tombeau !

Entrez ! Mais sur le seuil un frisson vous arrête :
Quel est, demandez-vous en détournant la tête,
Ce désastreux séjour sans vitre et sans cloison ?
C’est la maison de ceux qui n’ont pas de maison ;
C’est l’asile de ceux qui dorment sans alcôve ;
C’est le repaire obscur, c’est la tanière fauve
De tout aventurier qui, partout éconduit,
Ne sait de quoi payer le repos d’une nuit !

Donc, au déclin du jour, par cette côte nue,
Des gens arrivent là, d’une espèce inconnue ;
Des porteurs de besace au pied lent et boiteux,
Des femmes, des vieillards à l’air calamiteux,
Tous ces tristes passants, tout ce monde en guenille
Que la mendicité pousse avec sa béquille.

De la maison déserte ils franchissent le seuil.