Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
LA VIE RURALE.


Langage du désert, vague et mystérieux,
Lointains rayonnements des voûtes infinies,
Du brin d’herbe et du vent confuses harmonies,
Quel passant vous comprendrait mieux ?

Seul et grave témoin de la nuit solennelle,
De sa cape drapé, son bâton à la main,
Qu’il est beau, soit qu’il suive à pas lents son chemin,
Soit qu’il s’arrête en sentinelle !

Par le sentier agreste, un soir que je rentrais,
Évitant de l’hiver la première accolade :
« À quoi songes-tu là, lui dis-je, camarade ?
Voilà, ce me semble, un temps frais.

« — Je rêve, me dit-il, d’une époque lointaine.
Quand nos rangs cheminaient en terrible appareil,
Dans cette saison-ci, par un soir tout pareil,
Nous franchissions le Borysthène ! »