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LE RUISSEAU DES MOTS.
Mille débris du mont voisin,
Branches, cailloux et feuilles mortes,
À grand bruit roulent dans ton sein ;
Ils vont au gouffre où tu les portes.
Mais, quand juillet est revenu,
Quand les soleils sèchent la terre,
Tu n’es plus rien, sur le sol nu,
Qu’une eau fuyante et solitaire ;
Onde semblable, à son déclin,
Hélas ! à ces larmes plus rares
Dont la veuve et dont l’orphelin
Se font de jour en jour avares !
Adieu ! voici l’ombre du soir ;
L’étape n’est pas loin sans doute.
Ici je ne saurais m’asseoir
Avant le terme de ma route !
Je passais ; je veux seulement,
Au sein d’une paix si profonde,
Avoir comme un pressentiment
Du sommeil que berce ton onde.