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LA VIE RURALE.


On voit alors, cortége en deuil,
Par le chemin couleur de cendre,
On voit venir quelque cercueil,
Et les parents suivre et descendre.

Une fosse, au bas du coteau,
S’ouvre et se ferme sous la pelle ;
Et puis chacun s’en va bientôt
Où le travail du jour l’appelle.

Parfois aussi, tu vois venir
Un groupe orphelin, une veuve,
Ces fidèles du souvenir
Agenouillés sous la croix neuve.

Confident des mornes douleurs,
Ruisseau qui roules des eaux noires,
Serais-tu fait avec les pleurs
Qu’on donne à toutes ces mémoires ?

Quand l’automne a grossi ton flot,
Qu’elle te creuse un lit plus rude,
Ta grande voix, comme un sanglot,
Retentit dans la solitude.