Oui, la verte étendue et son vaste horizon ;
La campagne, à toute heure et dans toute saison ;
La campagne sereine, oublieuse, immobile,
Et que jamais ne trouble un écho de la ville.
Oui, les grands ceps chargés de grappes, les vergers,
La plaine et ses épis émus de vents légers ;
Les rivages du fleuve, où, dans les hautes herbes,
Paissent les grands taureaux et les vaches superbes ;
Les chênes sur les monts, ces bois religieux
Qu’habite et que remplit la sainte horreur des dieux !
Et, partout, dans un flot de lumière dorée,
L’homme au travail des champs, œuvre auguste et sacrée !
Ah ! dès mes premiers jours, de songes couronnés,
Quels ravissements purs ne m’a-t-il pas donnés !
À quel point de ma route, à quelle heure, à quel âge,
Me suis-je séparé de ce radieux sage ?…
Il me fut au collége, à moi pauvre écolier,
Un compagnon sublime, et pourtant familier.
Deux vers pris au hasard, églogue ou géorgiques,
M’ouvraient pour tout un jour des horizons magiques :
Je ne languissais plus dans un vieux cloître obscur,
J’en sortais libre enfin, et le front dans l’azur ;
Je m’élançais, au vol des divins hexamètres,
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LA POÉSIE LATINE.