Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
LA POÉSIE LATINE.

Entraient dans son alcôve, inutile refuge,
Et, pressants, l’adjuraient de courir chez leur juge ;
Des amis vrais ou faux qui, dans l’occasion,
Auprès d’un usurier prenaient sa caution ;
D’autres qui l’abordaient en plein vent sur les places,
Lui disant : « Savez-vous quelque chose des Daces ?
Rien ne vous est secret à vous l’ami des grands. »
Enfin, suprême ennui, tels confrères errants
Qui venaient, au Forum, l’arrêter par la toge,
Et, déclamant leurs vers, en attendre l’éloge.
Il a fui : verts coteaux, collines de Tibur,
Il a couru vers vous, cherchant un abri sûr.
Il vous a retrouvés, rochers de Blandusie,
D’où ruisselle à sa voix le flot de poésie !
Et toi, vallon d’Ustique, asile retranché,
Au pays des Sabins recoin le plus caché !

Il vit là, revêtu de paix et de mystère,
Comme un sage, et pourtant comme un propriétaire :
Levé de bon matin, pour être plus dispos,
Il visite son pré, sa vigne, ses troupeaux ;
Pour obtenir du ciel une moisson plus jaune,
Il offre une brebis à Cérès, au dieu Faune ;
Tibur n’absorbe point, d’ailleurs, tout son esprit :