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LA VIE RURALE.

Je les lis tour à tour, je les prends à la fois ;
Ambroisie ou nectar, à longs traits je les bois.
Arrivant de Paris, en vain frappe à ma porte
Un volume orgueilleux du beau titre qu’il porte ;
Le nomade facteur qui dessert nos cantons
Me laisse dix journaux avec leurs feuilletons ;
Le volume attendra le coup d’œil qu’il demande,
Les journaux négligés dormiront sous la bande ;
Il importe avant tout, courant aux moins pressés,
D’aller aux deux anciens toujours recommencés.

Ce charme, qui chez eux de plus en plus me gagne,
Campagnard, c’est surtout l’amour de la campagne.
Tous deux l’aiment, tous deux la chantent dans leurs vers,
L’attrait semble uniforme, il est pourtant divers.

Quoique épris des vallons dont il fait son asile,
Horace y garde encore un parfum de la ville.
Sur l’avis qu’a donné Musa son médecin,
Il est venu chercher le repos, un air sain,
Les soins recommandés à son corps peu robuste,
Enfin l’oubli de Rome… et peut-être d’Auguste.
Rome avait des fâcheux sans nombre autour de lui :
Des plaideurs qui, l’aurore ayant à peine lui,