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LA POÉSIE LATINE.

Je rends à mes coteaux la parure des bois ;
Je cherche, espoir trompeur, dans le sein de la roche,
Quelque fleuve inédit qui fuit à mon approche ;
D’une étable, où nos bœufs ont un abri peu sûr,
Je rajuste le toit et je soutiens le mur.
Voilà quels sont mes soins, ami, telle est ma tâche.
À de pareils labeurs peu de gloire s’attache ;
Ils ne sont pas de ceux qui vous mettent au front
Ce feu dont les éclairs au loin rejailliront ;
Mais ils font que, du moins, on redescend la vie,
Calme, le cœur exempt de regrets ou d’envie ;
Ils font que chaque soir, de bonne heure, on s’endort
Sans dire au lendemain : « Fais-nous un autre sort ! »

Quant aux nouveaux écrits dont l’heureuse lecture
Me délasse, au besoin, de mon agriculture,
Ils ont bien deux mille ans, si je sais calculer.
Deux mille ans ! cela vaut la peine d’en parler ;
Et de vos livres neufs, qu’à Paris chaque aurore,
Chez Lévy, chez Dentu, chez Didier voit éclore,
En connaît-on beaucoup, dans leur première fleur,
De plus frais à l’esprit, de plus jeunes au cœur,
Que ces livres, ornés d’une éternelle grâce,
Qui portent les vieux noms de Virgile et d’Horace ?