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LA VIE RURALE.

Oui, parfois, dans nos champs, pris d’un mortel sommeil,
Août, le mois redoutable, abuse du soleil :
L’astre du haut des cieux darde ses traits, il perce
L’homme et l’arbre et la plante et le sol qui se gerce.
Chaque fontaine rend sa dernière onde ; en vain
Le troupeau cherche encore une source au ravin ;
Il s’affaisse et languit sur la terre épuisée.
La nuit est sans fraîcheur, l’aurore est sans rosée.
À midi, quand le jour pèse comme un fardeau,
En vain le voyageur mendie un verre d’eau ;
Sur les coteaux pierreux, dans les champs nus et ternes,
Tous les puits sont taris et toutes les citernes !
Seul, tu ne taris pas ; seul par ce mois ardent,
Tu nous donnes sans cesse un flot surabondant ;
Et de ce flot, chez nous, la famille assouvie
Te nomme avec amour : la fontaine de vie !

Que dis-je ! c’est alors que, de nos alentours,
À tes larges bienfaits tout un peuple a recours.
Attirés au renom de ta bonté prodigue,
Les lointains habitants braveront la fatigue :
Les filles des hameaux, leur cruche sur le front,
S’acheminent ; tu vois se rassembler en rond
Celles du Plan d’Arbois, celles de Trébiane.