Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
AU PUITS DE MA FERME.

J’aime à te voir surgir en face de mon seuil,
Et faire à tout venant toujours un bon accueil !

Tu n’es pas de ces puits à bouche étroite et ronde,
Qui vous montrent, là-bas, leur eau sourde et profonde ;
Où l’enfant, qui s’incline et cherche à s’entrevoir,
Saisit son ombre à peine à ce lointain miroir ;
Où, quand la lune y jette un reflet solitaire,
On dirait une étoile au centre de la terre.
Non, ta belle onde, à toi, puits creusé sans efforts,
De ta margelle humide atteint presque les bords,
Et la cruche qui plonge, au cri de la poulie,
En peu d’instants remonte… et toujours bien remplie

Par nous et par nos fils, par nos voisins nombreux,
Sois aimé, sois béni, réservoir généreux !
Tu ne prodigues pas seulement ton eau pure
À tout ce groupe humain qu’enceint notre clôture,
À nous, à nos enfants, fronts au soleil brunis,
Aux braves laboureurs sous nos toits réunis ;
Ta largesse est plus ample, et toute la contrée
Vivra, s’il est besoin, par toi désaltérée.