Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
LA REVANCHE DE MARGOT.


Il est beau de mêler, suivant le jour et l’heure,
Aux sérieux propos les paroles de miel ;
D’avoir, aux temps heureux, égayé la demeure,
Et d’être maintenant, près de l’homme qui pleure,
L’esprit consolateur qui parle au nom du ciel.

Si la terre a trompé son espoir, si l’orage
A noyé ses épis, rompu ses baliveaux,
Si le vin récolté n’a pas payé l’ouvrage,
Il faudra qu’un accent relève son courage,
Et qu’une tendre main le ramène aux travaux.

C’est plus ! étant l’épouse, il sied d’être la mère,
De suspendre à son sein quelque frais nourrisson ;
Et, se tenant debout au seuil de sa chaumière,
De dire aux gens le soir, d’une voix douce et fière :
« Voyez le bel enfant, c’est mon nouveau garçon ! »

À ce cher groupe enfin, qu’on tient sur sa poitrine,
Il est beau d’enseigner dès leur tendre matin,
Aux filles, la pudeur, grâce et crainte divine,
Aux garçons, le travail qui vaut une doctrine,
Et l’amour du pays, quel qu’en soit le destin !