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LA VIE RURALE.


Adieu l’insoucieuse et folle rêverie,
Les chansons sous la treille où pendent les raisins,
Les danses, au printemps, sur l’herbe refleurie ;
Aux fontaines, le soir, adieu la causerie
Avec les jeunes sœurs, filles des seuils voisins !

À l’épouse, aujourd’hui, la vie est plus sévère :
Quoique paré de fleurs, le joug est un fardeau.
Femme de laboureur, soigneuse ménagère,
Désormais, en t’aimant il faut qu’on te révère ;
Mais, s’il est moins riant, le lot en est plus beau.

Il est beau de veiller comme une providence
À ce foyer modeste, à ce banquet frugal ;
D’y maintenir la joie ainsi que la prudence,
Et, dans la pauvreté comme dans l’abondance,
D’y recevoir le sort d’un cœur toujours égal.

Reine obscure, il est beau, dans cette cour champêtre,
D’unir aux soins du jour les soins du lendemain ;
De partager, enfin, maîtresse avec le maître,
Le poids, le noble poids de ce sceptre de hêtre
Que tout bon laboureur porte en sa rude main !