Donc, ô mon doux Virgile, ô poëte suprême,
Que n’offrirais-je pas pour avoir un poëme,
Un livre de ta main, écrit au jour le jour,
Où tu me parlerais de tes rêves d’amour,
De toi, de tes amis, des caprices de l’heure,
De tout ce qui se passe autour de ta demeure,
Du travail d’aujourd’hui, des projets de demain,
Sans me dire un seul mot de l’empire romain !
L’intérêt qui s’attache à ces choses d’empire
Décline avec le temps, et tôt ou tard expire.
Mais ce que rien n’efface, et ce qui ne meurt pas,
C’est l’aveu qu’un cœur simple a murmuré tout bas ;
C’est le trait vif et vrai, c’est la franche peinture
Qui fait dire au lecteur : « Voilà bien la nature ! »
C’est le vers, en un mot, où tu mets sous nos yeux
Ta blonde Galatée, enfant capricieux,
Qui, svelte, les cheveux tombant sur les épaules,
Te jette son œillade et s’enfuit vers les saules ;
C’est la page où je vois, au rayon du matin,
À travers la forêt fumer un toit lointain,
Et les petits oiseaux, en chantant, se répandre
Autour de ce vieux chaume où dort le bon Évandre !
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DU DISCIPLE AU MAÎTRE