Combien n’a-t-il pas vu de grandeurs s’éclipser,
Sans sourciller d’inquiétude !
Marguerite, Diane, Agnès, fleurs de nos cours,
Blanches divinités de France et de Navarre,
Hélas ! qu’avez-vous fait de votre beauté rare ?
Qu’avez-vous fait de vos amours ?
Tout périt, tout s’éteint, au vent tout s’évapore ;
Lui seul ne périt pas, lui seul n’est jamais vieux.
Les pieds dans le granit, la tête dans les cieux,
On prétend qu’il grandit encore !
À l’endroit où le tronc ouvre ses bras épais,
Ma femme a fait construire — aimable fantaisie —
Une chambre, un boudoir, un lieu de poésie,
Une oasis d’ombre et de paix.
Une échelle y conduit. D’un pied tranquille on marche
Sur un large plancher suspendu dans les airs ;
On peut faire un dîner de quatorze couverts
Sur l’épaule du patriarche.
C’est un charme : à travers le store des rameaux,
On admire en dînant le vaste paysage,
Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/101
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
LA VIE RURALE.