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II


LE TRAVAIL



Poëte errant au bord de cette mer profonde,
Suspends le pas et vois… vois ce que fait son onde :
En fondant sur la grève, elle y prend au hasard
Quelque caillou grossier qui gisait à l’écart,
De silex, de granit quelque rude parcelle,
La détache du sol et l’entraîne après elle,
Et la plonge au milieu des sillons blanchissants.
Puis, sans compter les jours, ni les mois, ni les ans,
Que l’abîme en fureur se soulève ou qu’il dorme,
De cet obscur débris elle épure la forme.
Obstinée à sa tâche ainsi qu’un ciseleur,
Sans cesse elle y revient ; à l’égal d’une fleur,
L’arrondit, l’amincit, l’émaille et la colore,