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L’Océan, ses vaisseaux, ses monstres, ses forêts.
Nous te révélerons par quel ressort occulte
La mer, à quelque dieu qu’elle rende son culte,
Tantôt baise ses bords et tantôt les insulte ;
Viens ! tu n’ignoreras aucun de nos secrets ! »

Ainsi chantait le chœur apporté par la brise.
Cependant, le poêle écoutait, l’âme éprise ;
Pensif, il descendait l’âpre escalier des monts.
Il atteignit bientôt la grève où le flot croule ;
Et là, des jours entiers, oublieux de la foule,
Il vécut, l’œil fixé sur l’écumante houle ;
Il fit son lit dans l’algue et dans les goémons.

« Chœur sacré ! disait-il, blanches Océanides,
Qui m’avez rappelé de mes sommets arides,
Chantez ! je noterai votre éternel concert.
Est-ce à vous que je dois, filles du grand Homère,
Tant de rêves pressés dans mon front éphémère ?
Ou n’est-ce pas plutôt à ce Dieu de ma mère
Qui m’a dit : « Sois poète, et viens vivre au désert ? »

Et puis ses visions, ses hymnes, ses pensées,
Au sable de la rive étaient par lui tracées