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son peuple, grand cœur et noble esprit, qui, lui aussi, rappela quelquefois l’accent de Corneille[1].

Et maintenant, messieurs, quel sera l’avenir de cet art éloquent qui s’était réveillé sous nos yeux, parmi tant d’applaudissements ? Faut-il croire que la tragédie s’en est allée dans un étroit cercueil ? Pouvons-nous penser que les couronnes déposées sur la tombe de François Ponsard seront les dernières qu’elle aura recueillies ? Non, vous gardez une autre espérance. La tragédie — et, quand je parle d’elle, j’entends le grand art du théâtre sans distinction de formes — ne répond pas seulement à cet étrange besoin du cœur humain qui, non content de ses propres douleurs, veut encore qu’on lui donne en spectacle des infortunes imaginaires ; elle a de particulières affinités avec le génie même de notre nation. La France a toujours aimé cette muse des grands combats du cœur, qui parle d’honneur et de vertu, de devoir et de sacrifice. Elle aime la tragédie comme elle aime la gloire et l’héroïsme; et, si ce sont là des passions qui s’endorment quelquefois chez elle, on sait du moins qu’elle peut toujours compter sur le réveil !

  1. J. Reboul.