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dans ces vers pathétiques une involontaire confidence du poète, une goutte de sang des anciennes blessures ? Il mourait en les écrivant, le triomphe le ranima. D’une main toute frémissante de la double fièvre du succès et de l’agonie, il voulut écrire son drame de Galilée, et la mort, qui sait être patiente quand elle est sûre de sa proie, lui permit cette fois encore d’achever son œuvre. Il manque, dira-t-on, à ce dernier poème, plusieurs des conditions de l'art dramatique ; il est vrai, ce n’est peut-être pas une tragédie, mais c’est mieux que cela, c’est un pressentiment, c’est une élévation de l’âme vers cet infini peuplé de mondes étincelants, vers ces régions lumineuses que la rêverie humaine n’a jamais cessé d’interroger, et qui, dans les nuits d’insomnie, attireront toujours la pensée des mourants.

Quelques semaines après, François Ponsard n’était plus qu’un nom célèbre dans nos souvenirs et dans nos regrets. Les lettres prenaient le deuil du noble poète ; le théâtre, le pays s'y associaient ; sa ville enfin, la cité de Vienne, décernait les honneurs populaires à l’enfant que lui ramenait un pieux cortège d’amis. Elles ont gardé la tradition des funérailles civiques, ces villes romaines de la contrée du Rhône. Peu d’années auparavant, la ville de Nîmes suivait d’un deuil public un enfant de