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dans la retraite et lui rendit la confiance et l’inspiration. Ce fut au bord de l'Océan, sur la falaise normande, dans une maison qu’ouvrit à Ponsard un écrivain célèbre, dont l’amitié devait lui être hospitalière jusqu’au dernier soupir. II vécut là, tout un hiver, de solitude et de recueillement. La mer battait le pied de la maison, le vent secouait la fenêtre, les nuages passaient et repassaient, et lui, qui jadis avait traduit Manfred, il retrouvait dans ce contact des éléments, il retrouvait surtout dans les douceurs paisibles du foyer sa sève et sa verdeur premières.

Malheureusement, la mort, presque en même temps que le bonheur, avait franchi le seuil. Déjà M. Ponsard portait en lui le germe d’un mal irrémédiable. Je passe sur ces images de la souffrance. Je n’en veux tirer qu’une leçon et un exemple. Je ne veux y voir que l’énergie d’une âme qui reste debout sous les défaillances du corps, et qui, suivant une belle expression, chante sur ses ruines. Si l’on nous racontait cette triste histoire de quelque poète des temps anciens, elle nous serait suspecte d’allégorie ; nous n’y verrions qu’une légende faite pour montrer le pouvoir de l’esprit sur la matière. Nous l’avons pourtant vu de nos yeux, ce douloureux spectacle ; nous avons vu le poète exhaler dans un soupir chacun de ses