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plus agréable que les variations des airs connus. » Si le vers de Ponsard n’a pas, non plus, l'éclat surabondant, le luxe d’images auxquels nous ont accoutumés nos maîtres contemporains, n’a-t-il pas, en revanche, toutes les qualités d’une langue sobre et sincère, ferme et nourrie de sens ? La Bruyère a dit un mot qu’il est permis de rappeler aux partisans de la couleur outrée : « Un style grave, sérieux, scrupuleux, va fort loin. »

Il a dit encore : « Quand une lecture vous élève l’esprit et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage ; il est bon et fait de main d’ouvrier. »

On disait alors ouvrier ; aujourd’hui, nous disons maître.

Cependant, après des années de silence, on put croire que la veine du poète était réellement épuisée. Ses propres amis désespéraient de le revoir au théâtre. La muse, disait-on, trop négligée par lui, l'avait décidément abandonné. Non, messieurs, la muse ne lui avait pas dit un éternel adieu. Elle reparut un jour sous les traits d’une noble et vaillante jeune femme. Elle le prit par la main, elle le réveilla de son sommeil, le conduisit