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serait pour ces pauvres artistes une occasion de recette. Que faire ? Il court chercher le chef de la troupe : « Si je vous donnais, dit-il, au lieu d’Agnès de Mèranie, une pièce inédite qui aurait pour le public un attrait de primeur ? » On juge si l’offre est acceptée. Ponsard écrit en quelques heures un acte ingénieux, et tout de circonstance, qu’il intitule Molière à Vienne. La pièce va aux nues, et, quelques jours après, la troupe voyageuse se remet en chemin, bénissant celui qui, en cela semblable à Molière, se montrait secourable aux pauvres comédiens errants.

Tel fut cet homme, tel était ce poète, que l’esprit de doute et de raillerie n’épargna pourtant ni au début ni à la fin de sa carrière. Que n’a-t-on pas dit pour lui faire expier une gloire dont il n’accablait personne ! Quelles ombres n’a-t-on pas voulu voir dans la pure lumière de son talent ! Il n’avait, il est vrai, ni l’originalité saisissante, ni la grande invention. Mais est-il bien certain que la muse n’ait plus rien à cueillir dans les sentiers connus ? Un penseur qui n’a jamais passé pour abuser des lieux communs, M. Joubert, en a parlé un jour comme s’il les aimait : « Ils sont, a-t-il dit, l’étoffe uniforme que, toujours et partout, l’esprit humain a besoin de mettre en œuvre quand il veut plaire. Il n’y a pas de musique