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triste cœur, dont les poètes ont parfois à se plaindre ? Nous n’avons pas à le savoir. Ce que nous dirons seulement, c’est que ce cœur était toujours loyal et bon, c'est que cette âme ne cessa point d'être inoffensive et douce, que ce grave esprit ne sacrifia jamais à de vulgaires intérêts le culte de l’art sérieux, l'austère passion de l'idéal. Éprouvait-il un revers, il ne s'en prenait ni aux acteurs, ni au parterre, ni à la critique ; il se remettait au travail avec la persévérance d’un esprit convaincu, que rien ne détourne de sa voie et qui estime l’honneur sauf, pourvu qu’il n'ait parlé qu’aux instincts élevés de la foule. Avait-il obtenu un succès, il partait aussitôt, il avait hâte de porter cette joie à sa mère, il courait lui offrir le premier exemplaire de sa pièce imprimée ; il revenait à sa chère maison rustique, à son humble Tibur de Mont-Salomon ; il se retrouvait heureux au milieu des habitants de Vienne, le cœur ouvert à chacun, le sourire aux lèvres, familier, généreux, favorable à tous. On raconte les traits de cette bonté charmante. Il apprend un jour qu’une troupe de comédiens nomades est arrivée à Vienne et qu’elle s’apprête à y jouer Aqnès de Mèranie. Aussitôt le voilà qui s’alarme pour la façon peut-être hasardeuse dont son œuvre sera présentée à ses concitoyens. Il sent en même temps que son nom sur l'affiche