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der de près trouverait dans son œuvre toute une galerie de femmes dessinées d’un trait distinct et toujours heureux : les unes naïves et douces, les autres austères et superbes, depuis la citoyenne de Rome jusqu’à la jeune fille de Paris, depuis la princesse du moyen âge jusqu’à la marquise du XVIIIe} siècle, depuis Tullie jusqu’à Lydie, depuis Charlotte Gorday jusqu’à cette Camille de la comédie de la Bourse, qui porte dans sa condition villageoise toutes les fiertés et toutes les noblesses des âmes bien nées. Ombres charmantes, figures variées, toutes animées d’une étincelle de vie! Quelques-unes d’entre elles ne seraient pas indignes d’être admises dans cette région idéale, que le génie a peuplée de ses créations, dans cet élysée de l’art où les filles de Sophocle se mêlent aux filles de Molière, où Dorine rencontre Antigone, où Monime donne la main à Desdémona.

Après l’Honneur et l’Argent, après ce succès éclatant qui permettait au poète de suspendre à son trophée le masque de Thalie auprès du masque de Melpomène, il se fait dans sa vie une lacune et un silence. Les amis s’en inquiètent, ils se demandent les causes de cet apparent oubli de soi-même. La fierté de son âme eut-elle ses jours de défaillance ? Eut-il à gourmander ce cœur, ce