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au bon sens vulgaire qu’il en veut et s’en prend, lui, le poète du bon sens ; il trace du personnage de M. Mercier une plaisante esquisse qui deviendrait aisément, avec quelques coups de pinceau de plus, une vraie figure de la famille de Chrysale. Le parterre rit de bon cœur quand le vieux Mercier se désole et s’accuse d’avoir si mal choisi son gendre.

L’hypocrite qu’il est nous a tous attrapés,
Il possédait si bien la langue des affaires,
Était si positif, riait tant des chimères,
Traitait la poésie avec tant de mépris,
Que j’ai cru qu’il serait le meilleur des maris.


Avouons-le, ce sont là des traits de verve comique que l’on pouvait ne pas attendre d’un écrivain né dans la tragédie. On voit qu’il s’est souvenu du précepte :

Versibus exponi tragicis res comica non vult.


Oui, il suivait le conseil d’Horace ; mais je l’ai dit, messieurs, il profitait aussi des exemples de Shakespeare. Une preuve en est dans cette belle comédie de l’Honnleur et l’Argent. Le sujet est à peu près celui de Timon d’Athènes. Un homme dans la fortune, entouré d’amis, fêlé, adulé ; la ruine survient, et ce même homme se voit abandonné de tous. Il est dans la pièce anglaise une