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des prétendants de Pénélope aux créanciers de Georges, c’était encore, on en conviendra, une transition qui pouvait avoir ses écueils. L’auteur s’en tire à souhait ; il retrouve ici cette chance de l'à-propos qu’il semblait tenir de son étoile. Je dis mal : non, ce n’est pas l'à-propos, synonyme du hasard, qu’il faut voir en pareille occurrence ; c’est plutôt cette clairvoyante sagacité qui fait deviner et saisir l’occasion. II arrive, cette fois, au moment où la soif de la richesse, où la fièvre de la spéculation se sont emparées de toutes les classes de la société française, quand les idées de devoir et d’honneur semblent passées au rang des vieilles superstitions, et il écrit l'Honneur et l'Argent, une comédie qui frappe juste. Peu s’en faut que la grande comédie ne soit retrouvée, l’œuvre difficile entre toutes, celle qui fait de l’étude d’un caractère sa tâche principale, qui remplit tout le tableau d’une figure largement dessinée, et n’en réserve que les marges pour les détails de l’action. À défaut de cette rare perle, nous avons du moins une franche peinture de nos mœurs, une leçon de haute moralité donnée à un temps qui n’en reçoit guère, une satire souvent spirituelle, parfois éloquente, dont la malice tempère la sévérité. Si l’auteur ne pénètre pas tout à fait dans le grand art, il est sur ses confins. Par une rencontre singulière, c’est