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bonne odeur. C’était la qualité solide, pour ne pas dire vulgaire, exclusive des dons plus brillants de l'imagination. Les amis, de leur côté, lui décernaient hautement le même titre ; les amis publiaient peut-être que le bon sens, Dieu merci, n’était pas une nouveauté dans les lettres françaises, et que Racine et Boileau, Molière et la Fontaine auraient eu droit de réclamer. Si quelque chose prouve que M. Ponsard n’était pas indigne du titre, c’est qu’il le refusa. Il resta ce qu’il était, un homme simple et sans jactance ; porté subitement sur le faite du temple, il n’y fut pris d’aucun vertige ; il jouit modestement de ce succès, aussi dangereux qu’éclatant, qui transformait son nom en drapeau de bataille, et relevait, au bruit des fanfares, en tête d’une réaction.

Ici, messieurs, se pose une question. Ce rôle, donné par la fortune, en avait-il eu le pressentiment et l’ambition ? S'était-il dit dans sa retraite : « Je relèverai l'autel des vieilles muses, et j’irai brandir ma fronde contre le Goliath romantique ? » Il est permis de n’en rien croire ; il ne faut pas étudier d’un œil bien attentif l’ensemble de son œuvre pour reconnaître que ce système littéraire, dont il devint le coryphée, ne fut jamais exclusivement le sien. Il tenait du romantisme plus qu’on ne l’a cru généralement. N’avait-il pas débuté par écrire une traduction