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pour les mieux sentir, sur un de ces vieux débris d’architecture romaine qu’on retrouve sur les collines de Vienne. Heures de recueillement et de solitude, de la vie de province, vieux livres lus et relus dans quelque coin désert, on ne saura jamais tout ce que vous semez de germes féconds dans un jeune cerveau ! La méditation, d’ailleurs, n’absorbait pas toute l’énergie de ce solitaire. Les vieux livres étaient souvent quittés pour le fusil de chasse. On venait de lire Virgile ou Horace, on se sentait pris d’un besoin de campagne, et l’on partait gaiement pour cette chère maison de Mont-Salomon qui s’élève sur la hauteur et domine les grands horizons de la vallée du Rhône. C’est là, ses études unies et sa toge d’avocat jetée au vent du fleuve, c’est là qu’il passa trois années à écrire Lucrèce. C’est de là qu’il partit pour venir assister à son triomphe.

François Ponsard, dès le début, est donc en pleine possession de sa renommée. C’était peu de le proclamer un vrai poète, l’opinion voulut faire de lui un chef d’école : chef de l’école du bon sens. Je ne suis pas bien sûr que chez quelques-uns ce titre ne couvrit point une intention malicieuse ; car le poète, comme tous ceux qui triomphent, avait déjà ses ennemis, et, dans l’école de la muse qui régnait alors, le bon sens n’était pas en très-