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né le 1er juin 1814 à Vienne, en Dauphiné. Fils d’un père avocat, il fut, comme Corneille, son maître, destiné au barreau. Il convient peut-être de remarquer cette circonstance ; car, plus tard, un des caractères de son talent sera la gravité, la solidité du raisonnement, et chez lui, comme chez l’immortel Normand, la tirade aura quelquefois un ton de plaidoyer. Rien, du reste, ne fit, dans son enfance, pressentir sa vocation poétique. Cette muse ne fut pas de celles qui balbutient des rimes dès le berceau. Le seul fait digne d’attention, dans ces premières années de l'enfance, c’est l'intelligente sollicitude dont l’entoure sa mère, douce et modeste femme qui veille sur lui, qui le soutient, l'encourage dans ses études, qui, peut-être, par un miracle de divination maternelle, entrevoit seule son avenir, et pour laquelle l’enfant devenu homme gardera toute sa vie un culte de tendresse et de reconnaissance. On raconte que, chaque soir, à la sortie du collège, l’écolier venait repasser ses leçons sous les yeux de cette mère attentive, et que ces répétitions avaient lieu dans une salle à manger, d’ameublement sévère, où se voyait pour tout ornement une vieille gravure représentant la mort de Lucrèce. L’élève grandissant prit goût aux auteurs latins. Il lut de bonne heure Tite-Live et Tacite. Il allait s’asseoir quelquefois,