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défilés ni les précipices, il débouche à l'improviste dans une contrée avenante dont les sites réveillent en lui des souvenirs du lieu natal. L’esprit français n’était plus dépaysé ; il retrouvait dans ce bel ouvrage quelques-unes des qualités qui lui sont chères : la clarté, la mesure, la modération, un langage plus ami de la raison que de la fantaisie, de nobles sentiments naturellement exprimés, une pureté de lignes qui ne se sacrifie point à la couleur, enfin de vrais beaux vers, de ces vers pleins de sens et de force qui disent quelque chose dans chaque hémistiche, suivant le mot de Voltaire. — Le succès, dis-je, fut immense; il était bien acquis ; et aujourd’hui encore, quand il relit cette tragédie toute littéraire, le lecteur ému comprend et ratifie les applaudissements du premier soir. Le temps a passé sur la pure statue de Lucrèce sans en ternir le marbre ; il lui a été donné de vivre un quart de siècle sans tomber de son piédestal ; et c’est là, messieurs, une grande épreuve. Vingt-cinq ans sont un gage, ce sont les arrhes de l’avenir, c’est le matin de la postérité !

Désormais le nom de Ponsard était un nom célèbre ; le jour était venu d’écrire sa biographie. Ce fut à qui recueillerait sur sa famille, sur sa jeunesse, sur ses commencements, le plus de ces détails dont l'importance se mesure à la renommée du poète. François Ponsard était